Nos Prisons, Maxence Rifflet Exposition du 1 avril au 21 mai 2022
Nos prisons : le pluriel du titre semble d’emblée devoir faire dialoguer le particulier et l’universel. Je ne dis pas « le particulier et le général » ; c’est l’opposition habituelle et elle est réductrice. L’universel « englobe la totalité des objets, des choses et des connaissances sur tous les sujets ».

Le mot « prison » désigne à la fois un lieu et une institution. Une prison est un lieu clos où l’on enferme une personne que la société veut punir. La « privation de liberté » est la fonction de la prison comme institution. Cette institution, la prison « en général » ou plutôt « la » prison telle que nous la connaissons aujourd’hui, date du XVIIIe siècle. Maxence Rifflet l’aborde sous l’angle du « particulier ». Il y a des prisons, des lieux ; l’artiste a mené son enquête documentaire dans sept prisons françaises, marquée chacune par son histoire particulière.

Si on le compare aux enquêtes antérieures me- nées davantage dans l’esprit du photoreportage – comme San Clemente de Raymond Depardon ou Louisia- na Prison de Leonard Freed –, ou même à mon travail des années 1980 sur Les Prisonnières, le projet de Maxence Rifflet apparaît tout d’abord soutenu par une volonté de distanciation et de spécification.

Il a photographié en prison pendant plusieurs années, en consignant ses observations dans un journal à la fois visuel et textuel. Pour mener son enquête, l’artiste a choisi d’animer des ateliers photographiques proposés aux détenus volontaires. C’était un cadre, administrativement contraint, mais il lui a permis de travailler en collaboration étroite, sur des périodes longues, avec celles et ceux qui connaissent les prisons de l’intérieur. Respecter ce cadre, c’était aussi se défier de la dimension émotionnelle et en grande partie artificielle de l’enquête présentée comme immersion transgressive en milieu inconnu et interdit. Le pathos aurait pu revenir avec la dimension psychologique ou biographique du portrait, mais Rifflet ne nous dit rien ou pas grand- chose des parcours individuels antérieurs de ses collaborateurs. Il s’agit avant tout pour lui de confronter l’espace photographique et l’espace carcéral comme deux espaces à la fois mentaux et concrets (construits).


Exposition coproduite avec le Centre photographique Rouen Normandie, le centre d’art GwinZegal (Guigamp), Le Bleu du Ciel (Lyon) et Le Point du Jour, centre d’art / éditeur (Cherbourg).





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