expositions
Caroline Bach
Alexandre Bagdassarian
Exposition du 6 octobre au 2 décembre 2023
Vernissage le 5 octobre 2023
Givors, au confluent du Gier et du Rhône
La couleur de la Grenade
En octobre 2023, Le Bleu du Ciel présentera deux expositions conjointes qui mêlent le régional et l’international ; la jeune photographie émergente et la photographie confirmée.
Caroline Bach, artiste professionnelle et chercheuse en Histoire de l’Art, exposée au Bleu du Ciel en 2019, a réalisé une longue enquête sur Givors pendant la période du Covid. Regroupant alors approche sociologique et poétique autour de cette petite cité de Givors, riche d’une longue histoire.
Alexandre Bagdassarian, jeune photographe aux origines arméniennes présente ici sa première exposition monographique sur ce pays qu’il a traversé à plusieurs reprises fixant à la fois la dimension humaine et subjective et le regard objectif du photo-reporter. Nous permettant alors de comprendre la situation actuelle de ce pays en grande tension pour la lutte aux frontières du Karabagh avec l’Azerbaïdjan.
Ces deux artistes se retrouvent sur leur volonté de décrire des territoires en nous faisant pénétrer dans leurs réalités actuelles. Tous les deux illustrant à leur façon cette approche documentaire photographique, si riche d’enseignement pour les publics.
Cette vision s’intègre dans le projet annuel d’expositions du Bleu du Ciel des « Utopies Documentaires ».
Les leurs résidant dans leur vision dynamique, sensible et positive des lieux qu’ils ont couvert de leur regard esthétique.
Gilles Verneret
Givors, au confluent du Gier et du Rhône 2020-2021
Caroline Bach
En 2020, à la recherche d’un projet ancré dans le territoire, capable de révéler la beauté et les blessures de la ville de Givors, André Vincent et Alexandra Le Moëne, alors aux affaires culturelles de la ville de Givors, m’ont proposé, à la suite des séries sur Bataville, d’explorer la cité givordine.
J’ai choisi de faire un récit photographique ayant la forme d’une ouverture, de pistes à suivre… en posant comme présupposé : je suis de passage, je n’habite pas Givors, je traverse Givors.
Pour élaborer ce récit avec la photographie, je me suis appuyée sur une circulation spiralaire de l’espace : du plus lointain au plus proche ; de l’extérieur vers l’intérieur ; du plus visible au moins visible.
J’ai ainsi organisé l’espace givordin à partir d’ilots d’images qui fonctionnent comme des repères. On peut les relier pour tracer une sorte de carte de Givors. L’ouvrage « Givors, au confluent du Gier et du Rhône » reproduit cette organisation.
Organisé avec l ’association La Cabane, l’espace de l’exposition accueillera aussi un débat-performance, La Disputatio #2, sur le thème : « Un territoire peut-il se périmer… comme un produit ? ».
La Disputatio #1 sera diffusée pendant l’exposition.
Caroline Bach.
La couleur de la Grenade
Alexandre Bagdassarian
« La couleur de la grenade », est un travail de photographie documentaire au long cours hanté par une question : y a-t-il un demain au demain ? Une dérive guidée par le regard vibrant d’une jeunesse née dans les décombres de l’Arménie, héritière d’une Histoire dont la complexité et la violence insondable continue de résonner aujourd’hui. Au coeur de ce rêve bien réel, vers où regarder ? l’Occident, l’Orient, la Russie ? Au milieu des paysages fragmentés, des personnes séparées, vers où naviguer ? Vers une île sans côtes, où se créent toujours les liens qui unissent, les regards qui illuminent, les montagnes qui grandissent.
À travers les cicatrices des territoires, j’ai aussi entrevu un invisible : d’un conflit sans témoin, d’un pays face à ses voisins mais aussi face à lui-même et son propre regard.
L’indépendance et la fin de l’URSS 30 ans plus tôt ont laissé un grand vide économique et humain. Les amis sont devenus des ennemis, les Azerbaïdjanais furent chassés d’Arménie et les Arméniens chassés d’Azerbaïdjan. La première guerre pour l’enclave du Haut-Karabakh (1988- 1994) et le dessin approximatif des frontières n’ont jamais vraiment été surmontés et résolus. Pour les deux côtés, des plaies ouvertes. Le 27 septembre 2020 le conflit resurgit et la deuxième guerre pour le Haut-Karabakh commence. Depuis, la paix est officiellement revenue, mais elle est friable et toujours plus fragile. Les coups de feu, presque chaque nuit le long des frontières, laissent présager une inévitable confrontation future. Dans les campagnes le travail est rare, et pour beaucoup d’Arméniens la seule issue est le départ en Russie quelques mois par an pour des emplois dans l’industrie ou l’agriculture principalement.
Cette Russie, si présente par la langue, l’architecture et une omniprésence militaire dans le pays (Le long de la frontière avec l’Iran, avec la Turquie au nord-est et dernièrement, les « gardiens de la paix » Russe pour le Haut-Karabakh et les frontières Arméniennes avec l’Azerbaïdjan).
Inexorablement la démographie chute et beaucoup de jeunes essayent de partir vers l’ouest, idéalisant la diaspora qui incarne un univers stable et le rêve d’un recommencement. Malgré quelques mouvements sociaux, culturels et féministes, ces dernières années (Révolution de velours, 2018), la contestation contre la mauvaise gestion sociale et économique du pays semble s’essouffler. D’un côté l’exhibition des richesses de la nouvelle élite, et de l’autre la difficulté à parler de la pauvreté, hantent les arméniens et produisent d’importantes atteintes psychologiques dans une société particulièrement attachée à la dignité humaine.
Plus personnellement, c’est aussi un éveil inconscient, somnambule, d’un sentiment d’appartenance à cette culture, pour laquelle, malgré mon nom, j’ignorai presque tout. Quelques souvenirs d’enfance comme un mélange d’odeurs, d’épices, de visages, et aujourd’hui l’envie de remonter la piste de mes ancêtres et de leurs histoire. De leurs Cilicie natale (province sud de l’ Anatolie), puis partis travailler dans le textile des quartiers arméniens de Bursa dans la province de Constantinople, jusqu’aux événements de 1915 qui les conduisirent d’abord vers le Liban avant de rejoindre la France. Aujourd’hui, j’ai seulement un nom et une adresse posée sur une enveloppe et destinés à mon grand-père. Cette rue, et ce numéro, d’Erevan ont été le point de départ de mon projet.
Le titre «la couleur de la grenade» est en partie un clin d’oeil au poète Sayat Nova qui de son temps écrivait dans toutes les langues du Caucase, Russe, Arménien, géorgien et Azerbaïdjannais, tel un pont entre les peuples et une ode à la singulière universelle.
La grenade, symbole doux et âpre, est un fruit très présent dans la société et la culture Arménienne. Ils l’appellent «Fruit du paradis» et leurs légendes disent que regorgent en son coeur 365 pépins, un pour chaque journée de l’année, comme symbole d’éternité.
Alexandre Bagdassarian
Givors
La couleur de la Grenade
Caroline Bach
Alexandre Bagdassarian
Alexandre Bagdassarian
Exposition du 6 octobre au 2 décembre 2023
Commissariat : Gilles Verneret