expositions

Très tôt, les photographes sont partis à la conquête des îles avec leurs chambres photographiques et ont réalisé des documents, pour la plupart édités sous forme de cartes postales, qui ont été diffusées dans le monde entier et ont permis de désenclaver ces territoires de leur isolement. Les daguerréotypes de Bison faisant poser des habitants des îles Canaries avant 1842, Chambay et Lecorgne rapportant des clichés de l’île Maurice dès 1857, sont des exemples de ces premières tentatives de reportage aux confins des mers. À leur suite, l’imaginaire photographique a pu être investi et donner des envies de voyage. De même, les ethnologues ont illustré leurs recherches avec des images où des populations lointaines étaient saisies dans leur quotidien et leurs vêtements exotiques. Le propos de l’exposition Des îles est d’embarquer pour des continents visuels inconnus. Il ne se présente pas sous l’angle de la géographie, de l’anthropologie ou de la sociologie, pas plus qu’il n’a l’ambition de rapporter des évènements d’actualité. Les photographes présents se sont simplement posés en témoins d’une réalité nourrie par leur subjectivité, dans l’esprit du documentaire poétique. L’enjeu étant de faire passer un souffle expressionniste fort, à travers des images en noir et blanc qui se ressemblent au premier abord, avant de livrer, dans un second temps, leur singularité. Elles permettent alors de pénétrer émotionnellement les climats, les ambiances paysagères de ces quatre îles : Corse, Islande, Lampedusa et Terre-Neuve, où chacun a puisé dans ses racines familiales ou personnelles la texture de son univers.